La Reconnaissance Régionale (Suite) |
Article paru dans « La Lettre du LIMOUSIN » N° 53, éditée par le Conseil Régional de la Région Limousin |
Cheikh N'Dioro est peintre, sculpteur, pyrograveur, potier... II est né à Dakar (Sénégal) en 1957. II y a suivi les cours de l'Ecole nationale des arts. Boursier, il est venu en France au début des années 80, accueilli par le Cours supérieur de dessin et de modelage de la ville de Paris. « Fasciné par les arts du feu », il suit ensuite l'enseignement de l'École nationale des arts décoratifs de Limoges. Le hasard le conduit à Cramarigeas, entre Glanges et Magnac Bourg. II y construit de grands totems, résurgence de l'Afrique dans sa mémoire. C'est au potier qu'un habitant, un jour viendra s'adresser, lui demandant de recoller les morceaux d'un épis de faîtage endommagé. Le début d’une nouvelle histoire. Cheikh N’Dioro est aujourd’hui l’expression du renouveau d’un art qui fut ici fortement pratiqué. Ornant les deux extrémités de la faîtière des toits, les épis étaient un signe de richesse chacun pouvait revenir aussi cher que mille tuiles. Le village de Duris, près de magnac-Bourg aux XVIII° & XIX° siècle en fut un centre important de production où oeuvraient de nombreux toupiniers.
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Mais selon Maurice Robert (Les poteries populaires et les potiers du Limousin et de la Marche, Paris 1972) il s’en fabriquait aussi en Creuse, à Mortroux, et à Gouzon; en Corréze, à Donzenac, Bort, Brive, Meyssac ou Tulle. Dans les années 70, l’auteur avait recensé quelques 400 de ces épis encore en place, « coniques, ornés de bandes circulaires façonnées au pouce ou à la molette, surmontés d'une boule » ou à « panse et à anse ». Certains étaient surmontés d'un oiseau, ou d'une girouette, d'autres encore ornés de petites « toupies » trouées, « les gerlas », qui par la grâce du vent pouvaient siffler. Endommagés, sacrifiés, démontés, beaucoup de ces beaux ornements ont disparu des toitures. II faudra attendre l'arrivée de quelques potiers téméraires pour relancer l'activité. Ce sera Mme Montoriol s'installant au château de Vicq sur Breuilh, Maurice Montazaud qui à Duris même a remis à l'honneur la fabrication des épis, et puis surtout Cheikh N'Dioro qui, tout en restant fidèle à la tradition, fabrique aujourd’hui, riche de sa propre culture, de véritables œuvres d’art. |